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PREDICATION DU DIMANCHE 22 JANVIER 2023 A TONNEINS
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Matthieu 4/12 à 25
Chers Amis,
Il est bon d’écouter et de réécouter ce texte connu. Il relate les débuts de la mission de Jésus et l’appel des premiers disciples.
Jésus commence son ministère seul, mais comme vous le savez, cela ne va pas durer. Est-ce la preuve, qu’aussi central et fondamental soient son rôle et cette mission, il ne peut envisager de les remplir en solitaire ?
Nous apprenons dans ce récit que c’est l’arrestation de Jean-Baptiste qui pousse Jésus à se mettre en route. Il quitte son village natal et comme un réfugié, il s’installe à Capharnaüm, près du lac de Galilée.
Ce passage suit le récit de la tentation au désert et il symbolise un peu nos vies, entre moment de solitude et d’isolement auxquels succèdent des temps de rencontre et de partage.
Jésus, c’est l’homme qui marche, infatigable prophète itinérant, habité par une mission essentielle qui tient en ces quelques mots : « Changez de vie, car le royaume des cieux est tout proche ».
Ces paroles nous touchent et nous interrogent aujourd’hui encore : je me rappelle du credo et refrain d’un grand parti politique français qui fut incarné pendant 14 ans par un président de la république et qui disait : « Changer la vie ».
Je ne suis pas certain qu’il faille attendre de nos politiciens des changements importants dans notre existence ici-bas.
Si Jésus s’adresse à ses contemporains et aussi à nous dans le quotidien de chaque vie, il ne se place pas à priori sur le même terrain que nos responsables et dirigeants de toutes obédiences.
Le royaume des cieux auquel il fait allusion n’est pas de ce monde même si le désir de justice, le besoin de reconnaissance et de dignité et les marques de gestes de solidarité et d’entraides vont caractériser son ministère.
Ce qui nous frappe et nous interroge également, c’est que le projet et la mission de Jésus ne peuvent se réaliser sans les humains, sans nous.
Le Seigneur nous appelle à être des acteurs et des bâtisseurs de ce royaume qu’il annonce.
Le récit de la 1ere rencontre entre Jésus et ces modestes pêcheurs du lac de Galilée, relaté dans les 3 évangiles synoptiques est édifiant à plus d’un titre.
Constatons d’abord que nous n’avons aucune information, aucun détail sur ce qui motive Jésus à rentrer en contact avec ces 4 hommes, 2 fois 2 frères. A-t-il décelé en eux des aptitudes particulières ? Mesure-t-il que son projet messianique ne pourra s’accomplir que s’il est accompagné et entouré d’un premier cercle d’intimes que l’on appellera les disciples ? Toutes les hypothèses sont possibles.
Je trouve important de relever que ce n’est pas dans les synagogues, auprès des lévites ou des grands prêtres que Jésus lance sa campagne de recrutement. Il ne recherche pas de grands théologiens ou des spécialistes de la loi pour l’assister ou le conseiller dans ses projets d’annonce et de proclamation du royaume des cieux. Il s’adresse à d’humbles travailleurs manuels.
Lui-même n’était-il pas le charpentier de Nazareth, habitué à travailler de ses mains avec son père Joseph ?
Jésus n’aura de cesse de nous surprendre, de déranger et questionner ses contemporains comme il nous questionne aujourd’hui encore.
Relevons que ces 4 premiers disciples ne sont pas anonymisés. Ils ont un métier, pêcheurs, des outils, des barques et des filets, une famille puisqu’ils travaillent avec leurs pères et des prénoms, Simon Pierre, André, Jacques et Jean. La Bible ne nous dit pas s’ils ont eux-mêmes charge d’âme, s’ils ont une épouse et des enfants.
Leur profession fait d’eux des acteurs essentiels de l’économie locale puisqu’ils fournissent les marchés du fruit de leur travail, en l’occurrence, des poissons.
Ils ont un statut, une fonction, un rôle, aussi modestes soient-ils. Ils sont reconnus en tant que pêcheurs.
Pourtant, ils ne vont pas hésiter une seconde à suivre cet homme à la réputation grandissante mais dont ils ne savent probablement bien peu de choses.
Occupés à lancer leurs filets ou bien à les réparer comme les fils de Zébédée, le texte matthéen emploie deux fois le même adverbe à leurs propos, « aussitôt, ils laissèrent leurs filets et le suivirent », « aussitôt, ils laissèrent la barque et leur père et ils le suivirent ».
Leur obéissance et le caractère immédiat de leur choix nous interroge : n’y-a-t-il pas dans chaque vie et en particulier chaque cheminement spirituel, des rencontres, des points de basculement où nous pouvons ressentir qu’il faut prendre une décision presque instinctivement, spontanément, dut-t-elle être lourde de conséquences ?
Nous n’avons pas toujours la liberté de prendre notre temps, de peser le pour et le contre, de demander à des amis des conseils avisés.
Il se peut que la réputation de Jésus l’ait précédée sur les bords du lac de Galilée. Peut-être que les pêcheurs ont entendu parler de ce mystérieux rabbi qui commence à déplacer les foules en soignant et guérissant les maux et les souffrances de ceux qu’il croise.
Secrètement, les 4 premiers disciples vivent peut-être avec un manque, un vide, un creux dans leur vie qui leur fait attendre une rencontre déterminante.
Nous savons, nous chrétiens que l’appel du Seigneur peut surgir à n’importe quelle période de la vie. Il se peut que certains d’entre-nous gardent en mémoire, le jour, l’heure, le lieu et les circonstances qui ont présidé à cet appel. Pour d’autres, le choix de suivre Jésus a été le résultat d’une longue et lente maturation intérieure.
Dire oui au Sauveur et accepter de le suivre ne fait pas de nous des personnes meilleures ou irréprochables. Le comportement des disciples le prouvera en maintes occasions. Le Seigneur ne recherche pas des serviteurs parfaits, il sait qu’il n’y en a pas.
Pour le suivre, frères et sœurs, déposons simplement nos bagages, nos filets, nos barques car le projet qu’Il a pour l’humanité est grand et il a besoin de nos bras.
Etre pêcheur d’hommes, en vertu du sacerdoce universel, ce n’est pas le rôle spécifique et particulier du pasteur. C’est une mission qui incombe à chacun, chacune d’entre nous. Se livrer à une autocritique exagérée pour justifier notre refus à répondre à l’appel n’est pas une bonne attitude. Dieu, qui se manifeste en Jésus sait faire une force de nos faiblesses.
Luther lui-même n’a jamais survalorisé la fonction de prêtre ou de pasteur. Selon lui, la vocation de chaque disciple du Christ est de s’accomplir et d’accomplir la mission qui lui est confiée dans sa famille, dans sa profession et dans sa vie de citoyen. Aucun travail, aucune fonction ne sont à mépriser.
Ainsi, dans cette vieille institution qu’est le compagnonnage et avec qui j’ai eu le bonheur de faire un bout de chemin, tous les métiers sont valorisés. Pour peu qu’ils soient pratiqués avec rigueur, sérieux et intégrité, ils deviennent un chemin d’accomplissement. On pourrait dire : « Ce n’est pas toi qui fais un métier mais c’est le métier qui te fait ».
Il y a fort à parier que Simon Pierre, André, Jacques et Jean étaient d’excellents pêcheurs et de très bons professionnels.
Ils vont dès lors pouvoir mettre à profit leurs qualités au service d’un autre travail, une autre mission qui est aussi la nôtre : devenir pêcheur d’hommes.
Peut-être pensez-vous que le grand filet qu’est l’Eglise aujourd’hui a drôlement besoin de raccommodage car à travers ses mailles, il y a trop peu de prises ! Cela est sans doute vrai mais devons-nous pour autant nous décourager ? Le rayon d’action des pêcheurs d’homme s’est élargi de la Galilée à la terre entière. Et si la pêche en haute mer nous effraie, c’est aussi en soignant, en accompagnant, en témoignant de l’affection et de l’écoute à nos tous proches que l’on peut répondre à l’appel du Christ et amener à lui de nouvelles prises dans nos filets.
Le texte de Matthieu nous rappelle que l’aura et la réputation de Jésus va très vite dépasser les frontières : « On entendit parler de lui dans tout le pays de Syrie » peut-on lire en effet.
Cela est d’abord et avant tout le résultat de son action : il enseigne, il proclame la bonne nouvelle et il guérit.
Pour l’aider, il a besoin de nous ; soyons disponibles et aux aguets pour entendre à nouveau aujourd’hui son appel.
Savons-nous qui le Seigneur va mettre sur notre chemin ce dimanche, cette semaine et tout au long de cette année ?
Alors que nous sommes dans la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, saurons-nous reconnaître en nos frères et sœurs catholiques que nous accueillerons ici mercredi soir des frères, des sœurs, des disciples ?
Je le crois sincèrement car la démarche œcuménique initiée par nos aînés repose sur de solides fondations.
Alors frères et sœurs, ne cessons pas de jeter inlassablement nos filets sur les mers et les océans du monde.
Jésus nous appelle chacun, chacune, personnellement, par nos prénoms. Il nous connait et il désire que nous travaillions avec Lui pour son royaume.
Amen