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PREDICATION POUR LE CULTE DU 4 JUIN A MARMANDE
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Jean 3/1 à 18
Chers frères et sœurs,
Seuls les trois derniers versets de ce passage étaient retenus pour ce dimanche. En particulier ce verset 16 que vous avez surement maintes fois entendues, tant les chrétiens et les protestants en particulier se le sont appropriés :
« Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que toute personne qui croit en lui ne périsse pas mais qu’elle ait la vie éternelle ».
Si j’ai souhaité partager avec vous le début de ce chapitre, c’est qu’il me semble bon de considérer le contexte des paroles de Jésus : à qui parle-t-il ? A quel moment et dans quelles conditions ?
Jésus ne s’adresse pas à n’importe qui dans ce dialogue ; il s’adresse à un personnage étonnant, surprenant, à Nicodème que Jean nous présente comme un pharisien, notable juif, qui est probablement membre du sanhédrin.
Nicodème, vous l’avez entendu va voir Jésus de nuit et les commentateurs le soupçonnent d’avoir peur ou d’avoir honte d’être vu dans la maison où loge Jésus, d’où sa discrétion.
Effectivement, cela a de quoi surprendre ; un juif pieux, lettré, pharisien qui désire rencontrer ce petit prophète un peu mystérieux que la plupart de ses proches considèrent avec mépris et dédain. Vous savez comme moi que la plupart des pharisiens voient en lui un dangereux agitateur.
Seulement, voilà, Nicodème n’est pas prisonnier de sa caste ; il est lucide et clairvoyant et lui, l’homme cultivé, le personnage important va se mettre à l’école de ce galiléen de Nazareth, ce travailleur manuel, ce charpentier qu’il appelle Rabbi, maître et qui voyage entouré de quelques disciples.
Durant cette nuit qui se déroule dans une maison de Jérusalem, Jésus va lui délivrer son enseignement un peu comme si un jeune homme à la réputation grandissante mais un peu clivante était en dialogue avec un professeur âgé et reconnu par ses pairs.
Nicodème doit être émerveillé par les paroles, l’attitude et la profonde sagesse qui émane de Jésus. Ce dernier évoque dans ses propos le Fils de l’homme, le Fils unique de Dieu et parle de lui à la 3eme personne du singulier.
Il parle d’un Dieu qui aime le monde et l’humanité d’une façon incommensurable, un Dieu qui va jusqu’à donner son Fils unique pour le salut du plus grand nombre ; y a-t-il un don plus précieux pour un père que le don de son enfant ? Le Dieu de l’alliance qui avait donné la loi à Moïse élargit ce pacte à tous les humains et le place désormais sous le signe de l’amour.
Ce monde que Dieu aime tant, c’est le nôtre, avec tous ses balbutiements, toutes ses dérives, toutes ses injustices, ses violences et ses haines.
C’est en effet à notre monde, qu’aujourd’hui en 2023, Dieu donne son Fils unique et pas seulement à ce monde passé, celui de Nicodème qui doit se cacher par crainte du qu’en dira-t-on.
Ce monde, notre monde, Dieu veut le sauver. Dans un océan de mauvaises nouvelles, une avalanche d’informations alarmistes et alarmantes, Dieu nous fait le cadeau de son Fils bien-aimé et nous invite à nous mettre à son écoute.
Ce Dieu qui se donne au monde, on ne peut le recevoir et le rencontrer que par la foi, cette foi qui nous permet de découvrir un avant-goût d’éternité dès aujourd’hui.
Avec Christ, son Fils unique, Dieu se dévoile et se révèle. Il n’est pas le Dieu du jugement, de la condamnation, de l’application stricte et rigoureuse de la loi. A la lecture de la Torah, la tradition rabbinique aboutira à édicter 613 commandements partagés entre injonctions et interdits.
Jésus, lui n’évoque pas le jugement mais le salut, ce salut qui est le contraire d’un jugement qui bien souvent aboutit à une peine.
Rappelons-nous que le monde englobe et comprend tous les humains, les bons et les moins bons, les disciples et ceux qui les persécutent, les doux, les pacifiques et les violents.
Jésus dira qu’il n’est pas venu pour les justes et les bien-portants mais pour les brebis égarées, ceux qui sont parfois écrasés par le poids du péché.
A l’ACAT, on n’oublie jamais de prier pour les bourreaux, pour que leur cœur change et leurs yeux s’ouvrent. On considère qu’eux aussi, d’une certaine manière, sont des victimes, de systèmes déshumanisants.
Le monde n’est pas constitué uniquement de celles et ceux qui nous ressemblent et avec qui nous pouvons être en communion fraternelle.
Nicodème va oser dépasser les barrières sociales et religieuses pour approcher Jésus et sa vie va en être transformée. Il sort de son univers, de sa zone de confort même s’il se cache. Il accepte de se confronter à une vérité qui lui est en partie étrangère, celle du Christ.
Cela peut nous inciter nous aussi à oser franchir des obstacles qui nous paraissent à priori infranchissables.
Pourquoi vivrions-nous dans la peur du jugement alors que Dieu nous en libère ?
L’amour fou de Dieu est un amour inconditionnel à l’adresse de tous, ceux qui croient comme les incrédules, ceux qui cherchent et ceux qui pensent avoir trouver, ceux qui sont très sûrs d’eux-mêmes et ceux qui doutent.
Nicodème va découvrir au contact de Jésus que la résurrection des morts, l’advenue de la vie éternelle ne sont plus pour un lointain futur, elles deviennent des réalités pour le présent, pour l’ici et maintenant de la vie du disciple .
L’accueil de cette Bonne nouvelle, de ce salut en Christ fait de chacun de nous des missionnaires, des envoyés.
Les mots de Jésus rapportés par Jean à l’endroit de Nicodème n’ont rien perdu de leur actualité :
« Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que toute personne qui croit en lui ne périsse pas mais qu’elle ait la vie éternelle ».
Je crois que ce célèbre verset peut susciter en nous une éthique de responsabilité et d’engagement. En effet, si la volonté de Dieu est de sauver le monde, nous sommes ses partenaires appelés au service, à l’entraide, non pour engranger des mérites illusoires mais par reconnaissance de se savoir libérer du souci d’obtenir notre salut par nos propres forces.
Cette éthique de responsabilité vis-à-vis de mon prochain, elle peut s’appliquer et s’exercer de différentes manières.
L’Eglise et ses différents ministères, conseiller presbytéral, prédicateur, musicien, catéchète, est le lieu privilégié où nous pouvons témoigner de notre foi.
Mais tout autant le monde, la vie associative, la politique dans ce qu’elle peut parfois avoir de noble, sont aussi des lieux, des champs d’action possibles et souhaitables pour les disciples et serviteurs.
Loin de tous jugements moraux, de sentences lapidaires, des condamnations de la différence, qu’elles soient de natures sexuelles, sociales, culturelles ou ethniques, Jésus nous appelle à être l’humble reflet de l’amour de Dieu pour chaque être humain.
L’amour que Dieu nous porte ne peut coexister avec le jugement ; il ouvre plutôt un espace de liberté qui fit dire à St Augustin : « Aime et fais ce que tu veux ».
Nicodème, comme nous peut-être parfois, était enfermé dans un carcan, un ensemble de règles, de comportements et de lois. Pourtant, il a osé aller à la rencontre de Jésus pour le questionner. Sa curiosité et son attachement envers ce jeune Rabbi ont été plus fort que sa crainte de ne pas se rallier à l’opinion majoritaire du pharisaïsme.
La démarche de Nicodème peut inspirer la nôtre : franchissons les barrières et les limites qui nous rassurent pour nous exposer au dialogue avec le Christ. Acceptons de nous laisser déplacer par lui.
Relevons qu’il y a de la constance et de la persévérance chez ce pharisien un peu différent des autres. Il réapparait à deux autres reprises dans l’Evangile de Jean, une fois pour prendre la défense de Jésus lors d’une joute verbale avec ses coreligionnaires et après sa mort lors de sa mise au tombeau.
Nicodème a reconnu en Jésus de Nazareth le Messie, l’envoyé du Père et il lui sera fidèle.
Comme lui, essayons de déposer nos peurs, ce qui nous retient et parfois nous paralyse.
« Celui qui croit au Fils n’est pas jugé, celui qui ne croit pas est déjà jugé ». Laissons à Dieu le soin de considérer la vie et les choix de chacun et accueillons avec la Bonne Nouvelle avec joie et simplicité, acceptons de naître à nouveau de l’Esprit de Dieu.
Amen