Romains 5/ 1à 8
Chers frères et sœurs,
En ce jour d’Assemblée générale de notre Eglise de Tonneins, le texte qui nous était proposé dans les lectures indiquées me semble tout à fait adapté.
Paul y présente le chemin du chrétien, au moyen d’une succession de maillons qui formeraient une chaîne spirituelle dont le premier maillon est la grâce et le dernier l’amour de Dieu.
L’apôtre nous rappelle fort à propos que c’est par la foi qui justifie que nous sommes au bénéfice de la grâce de Dieu. Ce constat et cette affirmation seront, rappelons-nous, à l’origine de la Réforme.
C’est en effet par cette grâce en laquelle nous sommes établis, écrit Paul, qu’apparait un statut, une condition nouvelle du croyant : il est, nous sommes, justifiés gratuitement en Jésus-Christ.
Habités par cette certitude et soulagés du poids d’obtenir notre salut par nos propres efforts, nous pouvons nous consacrer aux difficiles combats de la vie, nous pouvons poser des gestes de solidarité et de service dans le monde et pour l’Eglise.
Voyons maintenant quels sont les différents maillons de cette véritable chaîne de l’espoir ; écoutons Paul : « Nous mettons notre orgueil dans nos détresses, sachant que la détresse produit la persévérance, la persévérance la fidélité éprouvée et la fidélité éprouvée l’espérance. »
Nous le voyons dans les mots de Paul, passer des détresses à l’espérance ne peut faire l’impasse sur la persévérance et le courage qu’il appelle la fidélité éprouvée.
Chacun, chacune, dans nos vies quotidiennes, dans notre vie d’Eglise, nous pouvons avoir le sentiment que les obstacles sont absolument insurmontables ; problèmes de santé, manque de foi, pessimisme ambiant, envie de baisser les bras, autant d’épreuves et de tentations qui nous assaillent.
Pourtant, ni Paul, ni nos frères et sœurs qui nous ont précédé, ne se sont résignés quels qu’aient pu être leurs difficultés.
Nous ne saurions céder à un quelconque fatalisme ni à un désespoir paralysant. La foi qui est la nôtre est toujours mise à l’épreuve du temps, aux aléas de la vie, à l’usure des mois et des années qui passent.
Les détresses que nous pouvons rencontrer, affronter ne sont-elles pas autant de problèmes qui nous paraissent à priori sans solution ?
Au temps de l’apôtre Paul et certes bien différemment aujourd’hui, les défis sont importants, les préoccupations et les sujets d’inquiétude nombreux.
Si pour l’apôtre, il s’agit de soutenir des Eglises et des communautés balbutiantes, dans un contexte hostile, aujourd’hui pour nous, il s’agit de maintenir, de soutenir également notre Eglise qui vit dans un tout autre environnement.
Allons-nous survivre aux changements dans notre société, face aux difficultés pour toucher la jeunesse, confrontés à des crises morales et spirituelles qui touchent nombre de nos contemporains ?
La réponse de Paul tient en un mot : la persévérance. Le mot grec qui traduit ce mot veut également dire endurance, constance et patience, autant de vertus qui sont plutôt rares à notre époque qui a le culte de l’immédiateté, du tout tout de suite et de l’urgence érigée en valeur suprême dans tous les domaines.
Le courage ou la fidélité mise à l’épreuve sont les fruits de la persévérance et reconnaissons que nous aussi, nous en avons bien besoin pour construire et envisager le présent et le futur de notre Eglise.
En ce jour d’AG, moment important pour toute la communauté, nous nous retournons sur l’année écoulée et pouvons nous projeter sur celles à venir.
Le courage est le maillon qui précède celui de l’espérance dans cette chaîne que nous présente Paul. Est-il besoin de rappeler qu’avec la foi et l’amour, l’espérance est l’une des trois vertus théologales ? Elle n’est en aucun cas une maigre consolation, artificielle et illusoire, que l’on pourrait s’inventer à défaut de mieux pour se consoler de je ne sais quel déclin annoncé.
L’espérance dans la Bible est là pour nous rappeler qu’après la traversée du désert, se trouve la terre promise ou pour le dire différemment, elle affirme que les tribulations des jours présents n’empêcheront pas l’avènement de jours meilleurs.
Alors que ce temps de Carême nous mène vers une Pâques qui prend des allures d’un échec irrémédiable, tant la mort scandaleuse de Jésus le Christ sur la croix nous interroge, sa victoire sur les forces de mort est là pour nous rappeler qu’aucune situation n’est jamais bloquée, qu’aucune fin annoncée ou programmée n’est jamais écrite à l’avance.
Il nous appartient à tous et toute de donner chair à cette espérance, à faire vivre notre Eglise, à la servir pour l’aider et l’accompagner dans les échéances à venir.
Bonne assemblée générale
Amen